lundi 19 juillet 2010

1, 2, 3, apple tree

"And then you're like, "David, it's like one, two, three"
as you're climbing barefoot on the apple tree".






Pomme de reinette et pomme d'api, faisons un brin de causette, laissez tomber vos applis.


Vient l'été et le temps des billets plus légers, sur les modèles de ces numéros spéciaux de magazines qui abandonnent les sujets de société traditionnels pour se tourner vers des thèmes plus insouciants et abordons, après les plagistes l’été dernier, une nouvelle catégorie masculine : les iBlokes.


Le 7-8 m'a accueillie il y a de cela quelques mois, me faisant hôte de ses journées versaillaises.
Versailles, son RER et ses touristes que je redirige soir et matin vers le Château, Notre Dame et la Tour Eiffel, et ses ingénieurs en informatique qui descendent à Issy Val de Seine.

Versailles et ses groupes électro.
Phœnix, Daft Punk, Air, la ville était plus tendance qu'il n’y pouvait paraître.

Versailles et son Apple store, qui y avait fait son nid il y a peu.


Et un constat qui s'impose : Apple avait en main une carte imparable pour appâter le chaland yvelinois : ses vendeurs.

Je me demandais si Apple avait crée une convention collective ad hoc, autorisant la discrimination positive à l’égard de ses employés en boutique aux fins qu’ils soient tous beaux, jeunes et fringants.


J'ai été élevée à la culture apple.
Non par boboïsation précoce, ou branchitude douteuse, mais parce que c'est comme ça.
J'en étais à l'époque assez fière, alors que la plupart des parents de mes camarades de classe avaient des PC avec des caractères blancs qui s'alignaient sur des écrans bleus, et des moniteurs ayant pour mascotte un crocodile.


Puis, à la fac, les pommes McIntosh ont commencé être de plus en plus présentes sur les tables des bibliothèques universitaires.

Alors qu'utiliser un mac était quelque chose d'assez alternatif, cela devenait mode, d’autant plus lorsque se sont faits jours les i-produits.


Apple misait sur le glamour et remontait la pente pour finalement exploser les ventes.

Apple ou la marque des geek beautiful people.


Assurément, Steve Jobs pouvait se vanter de savoir vendre sa marque.


Achetez un PC, et qui aurez-vous la chance d'avoir pour interlocuteur?


Un jeune commercial de chez Connexion, chemisette jaune et gilet vert, gourmette apparente et cheveux en brosse.

Achetez un mac à Versailles, et vous souriront deux vendeurs amènes aux costumes bien coupés.


Se faire faire un devis par le sosie de Jason Statham est moins difficile à avaler que par Roger Milleperthuit de chez GiFi.

Il est bien loin, le temps des geeks aux cheveux longs et tee-shirts informes!


Je me demandais s'il s'agissait d'une exception propre à la ville du Roi Soleil.


Alors que je passais dans le quartier du Louvre, je décidai de pousser le journalisme d'investigation jusqu'à l'Apple store du Carousel.


Mes mains pianotant le dernier-né de la gamme, auprès d'un client aux faux airs de Jake Gyllenhaal mode geek, je devais me rendre à l'évidence : Apple savait ménager sa clientèle féminine. Certes, l'équipe, un poil jeune, ne portait pas le costume mais des tee-shirts bleus. Cependant elle ressemblait à tout sauf à la promo 1994-1995 de l'IUT forces de vente informatique.


Après tout, la marque était devenue la reine du placement de produit, de Carrie Bradshaw à Wall-E en passant par la moitié des séries télévisées et autres productions américaines.

Etre Apple c’était être beau et cool.




De ce côté, je n’avais rien à reprocher à mes vendeurs aux allures de jeunes cadres dynamiques et plein d’avenir, qui apportaient un peu de charme aux vitrines versaillaises, plus enclines à séduire la sage mère de famille nombreuse que la jeune citadine.

L'un - appelons-le Armel - semble sorti tout droit d'une école de commerce parisienne, un peu jeunesse dorée qui aurait voyagé à travers le monde et fini par poser ses valises pour se trouver un "vrai travail" et répondre aux espérances familiales de réussite. Le genre gendre idéal et qui présente bien.

L'autre - appelons-le Karl, le Jason Statham lookalike (en plus gentil néanmoins, car Jason Statham, faut pas trop le chercher), yeux bleus et sourire faussement timide ravageur, que l'on verrait bien moniteur de planche à voile pour jeunes filles à qui on imposerait des vacances en famille, et qui dessineraient des petits coeurs dans leurs carnets intimes le soir venu.

C'est injuste, ça vous pousse à la consommation des gens comme ça.

Ce qui est formidable avec Google, c'est que l'on retrouve ces garçons aussi facilement que l'agenda de l'Elysée, quand on a dix minutes à perdre entre deux dossiers (Oui, à Versailles parfois, on s'ennuie un peu).

C'est un peu comme si, juste en tapant le prénom de votre fleuriste préférée, vous retrouviez instantanément les photos de sa dernière soirée.

Quelque part, cela ne vous intéresserait pas vraiment.

Elle doit rester la fleuriste, dont on veut imaginer la vie, mais non la découvrir.

Un peu comme ces boys band qui prétendaient tous être célibataires, ou Ricky Martin qui voulait nous faire croire qu'il aurait vraiment pu se faire Maria.

Tout cela, on ne veut pas le savoir.

Comme les hommes attendent de leur boulangère qu’elle soit douce et chaleureuse, et de leur fleuriste qu’elle soit fraîche comme la rosée, on attend d’un vendeur Apple qu’il ait un design impeccable, pour pouvoir le sortir fièrement auprès de ses amis, qu'il ait l'air en bonne santé et exempt de tout virus.

Les filles, à votre prochain passage à Versailles, si vous avez une once d'hésitation sur le fonctionnement de votre laptop, passez voir Karl et Armel, un joli sourire, c'est toujours bon à prendre pour la journée.

Et puis moi, si je peux me faire de nouveaux iPotes, ce sera toujours ça de pris.



One apple a day keeps gloomyness (and Microsoft) away.


7 commentaires:

  1. Ouais ben on a beau dire, Apple mise sur son image branchée, classe ou je ne sais quoi, pour faire payer le double d'un PC ! D'accord il n'y a pas de virus et c'est agréable, mais Mac c'est un produit pour riches. Chez un prolo ça fait tache d'huile ! ^^

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  2. Colin = PWND !

    trop facile ^

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  3. Pfff les geeks vous êtes mignons mais à chaque fois faut que je me colle à urbandictionary.com pour comprendre ce que vous dites!

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  4. Non je ne suis pas Coliningus, je suis une personne qui a une sainte horreur des bobos ! Du style quand j'en vois un, j'ai envie de sortir un bazooka featuring mon fouet à lanières doubles. Dommage car j'aime assez ta façon d'écrire ! :)

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  5. Hehehe ben mince, que ça ne t'empêche pas de me lire tout de même! Et apple, c'était pas bobo dans les 90's, ça l'est devenu plus tard :)

    Et puis bobo, pas bobo, on s'en fiche, le principal c'est d'écrire ce dont on a envie! :)

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  6. Quel beau récit !

    Merci pour ces compliments et à bientôt peut-être...

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