lundi 22 novembre 2010

GIVE PIZZ A CHANCE


Grün grün grün sind alle meine pizzas...

N'en déplaise à Jeanne Mas, pour être tendance aujourd'hui, il faut être vert.

Ainsi Marion Cotillard qui s'achète un petit bout de forêt amazonienne, parce que c'est tellement plus in que le pot de géraniums sur la fenêtre.

On est vert dans sa façon de se déplacer, de consommer, de se restaurer.

C'est le nouveau noir.

Et un constat s'impose : canard, olive, anis, pin, amande, pomme, absinthe, sauge, bouteille, le vert appelle le culinaire.

Si les restaurants bio sont en plein essor, peu d'enseignes de restauration rapide présentent une alternative satisfaisante.

En 2008, Marc Veyrat lance Cozna Vera, son fast food bio annécien.

Cojean, Exki ou Bert’s s’engouffrent dans la brèche.

Les fondateurs de GreenPizz brainstorment de leur côté sur un Grenelle de la pizza comme « projet de fin d'école ».

Peut-être au préalable avaient-il fait appel au spin doctor Jacques Attali, qui définit la pizza comme un plat universel, car se limitant à une base commune sur laquelle chacun peut « disposer, agencer et exprimer sa différence ».[1]

La pizza comme symbole de la "globalocalisation", mot-valise désignant l'adaptation du global au local, la mondialisation adaptée aux spécificités d'un pays.

Alors que le « repas gastronomique des français » vient d’entrer au patrimoine mondial de l’UNESCO, et le fooding de fêter ses dix ans, Greenpizz a su s’emparer de la pizza pour l’adapter aux us français, s’en démarquer pour créer une alternative saine et tricolore.

Et le constat est là, de la simple galette napée du boulanger napolitain, il ne reste plus grand chose.

Fraîchement sortis de l’ESCP-Europe, Philippe Lafon et Armel Jacquet auraient pu acheter un camion-pizza d’occasion sur leboncoin.fr et s’installer à la sortie de la station Grands Boulevards, après avoir embauché un cuisinier sans papier peinant à imiter un accent italien douteux.

Ils ont préféré prendre un virage à 180° (ce qui, sur une Quatre Fromages nous emmène non de Charybde en Scylla mais de chèvre en gorgonzola).

Ils ont ainsi fait appel à Alexandre Giesbert, jeune major de l'ESCF – Ferrandi ayant fait ses armes auprès d’étoilés de renom (Pierre Gagnaire, Eric Briffard ou encore le bistronome Christian Etchebest).

Ni une ni deux, le trio lance la "Pizz".

Car il faut être précis sur le produit, on vous servira des "pizz" et non des pizzas.

Première différence : les pizz’ sont ovales.

Je ne pus m’empêcher de m’interroger sur cette audace ovoïdesque. Hommage à l’imaginaire rugbystique ? Lubie d’un designer parisien inspiré par l’esthétique 70’s ? Manque de moyens pour s’acheter des assiettes et obligation de faire rentrer la pizza sur une ardoise ?

Investigatrice chevronnée, je questionnai Alexandre sur ce point.

« J't'en pose des questions... Ben elles sont pas rondes parce que ce sont pas des pizzas ».

Forcément, à question idiote réponse simple.

Mais il ne s’agit pas là que d’une question de forme.

De la farine semi complète à base de blé, de son et d’épeautre, à la place de la farine de blé, des sauces mijotées et colorées, de bons ingrédients frais et bien de chez nous.

Ensuite, chez GreenPizz, au-delà de la cuisine, le développement durable est partout.

Les emballages sont en matériaux biodégradables.

Les scooters sont électriques.

Le tri est sélectif (jusque dans la clientèle, vous diront Philippe et Armel).

Le midi s'y pressent les cadres pressés, lassés de Cojean et Kayser.

Le soir s'y retrouvent couples et amis.

Car quand on va chez GreenPizz, on est comme chez de vieilles connaissances aux petits soins pour vous, qui partageront à l'occasion un verre de vin bio une fois leur service terminé. Vous y retrouverez en salle Armel, l'oignon Nouveaux, le doux, le serein ; Philippe, le Piment, ardent et passionné ; et en cuisine, l'Artishow , Alexandre le Grand, l'ours grognard et virtuose, conquérant prometteur de l’audace culinaire, peintre en saveurs fines et fraîches.

En outre, il n'y a pas lieu de culpabiliser.

Remplacer la sacro-sainte salade par un passage chez GreenPizz n'est pas plus dommageable pour la ligne.

Vous y trouverez des Pizz 20 à 40% moins caloriques que des pizzas classiques, riches en fibres.

Et puis si vous tenez vraiment à votre salade, des salades, il y en a aussi.

Le succès est donc au rendez-vous, et les people ne s'y trompent pas.

On a ainsi pu voir à la table de GreenPizz, entre autres le bobo Arthur H ou l'ultra-tendance djette Tania Bruna-Rosso.

Et puis, qu’on se le dise, l’enseigne bénéficie de la bénédiction de Gilles Pudlowski et depuis récemment du Gault et Millau, excusez du peu.

Les choix d'Astrée?

La Fourmidable, pour la douceur de ses figues. Et puis, c'est Martin Piot qui le dit, “Le nouveau vert, c'est le bleu”, alors vive la fourme d'ambert.

L'Euskadi, basque et caractérielle.

La All Green, parce qu'elle est toute verte, et que c'est rudement joli.

La Boréale, parce qu'au saumon, elle pourrait devenir votre préférée.

La Chevrotine, parce que chèvre miel et pignons de pins c'est un peu Daudet qui nous est conté.

La Rasta Roquette, pour sa mozza et euh… sa roquette.

N'ayez crainte, si vous avez peur de l'innovation, vous retrouverez toujours la Tante Marguerite, aux couleurs de l'Italie, la Reine d'un Jour ou encore une adaptation maison de la Pissaladière.

De jolies douceurs vous attendront enfin tels que les tendres cookies (j’en suis fan), la pana cotta vanillée ou le savoureux crémeux au chocolat.

Alors à votre prochain passage dans le 9ème, passez par la rue Cadet, voir si la Pizz est plus verte dans le Potager des garçons d'à côté.

Vous tomberez alors peut-être pizz & love, car dixit Aldo, "l'amour c'est comme une pizza".


[1] Fraternités – une nouvelle utopie, Jacques Attali, Fayard



GREENPIZZ

8, rue Cadet 75009 PARIS

M° Grands Boulevards, Le Peletier ou Cadet

Livraison dans un rayon d'1 km.

http://www.greenpizz.com