mardi 24 février 2009

La dilettante apprivoisée


Je n'ai jamais réussi à me décider.

Quand j'étais toute petite déjà, je ne parvenais pas à faire un choix entre toutes mes peluches, pour savoir laquelle partirait avec moi en vacances.

Plus tard, je voulais prendre toutes les options, essayer toutes les activités.

Comme ces gens, qui ont besoin de tout toucher, qui n'arrivent pas à faire de choix.

Entre l'atelier poterie et les cours de piano.
Entre le moelleux au chocolat et la tarte bourdaloue.
Entre une nymphette insolente et une belle plante apaisante.

Alors ils cherchent des compromis.
Posent leurs mains agiles sur une sonate en ré mineur avant de les plonger de façon lymphatique dans la terre molle qui leur pourlèche les doigts.
Optent pour une ronde d'entremets qui titillera leurs papilles friandes.
Offrent une coupe à une gazelle haute sur pattes pour s'endormir auprès d'une liseuse de bonnes aventures.

Et puis il y a ceux qui, à force de vouloir goûter à tout, se retrouvent disciples de l'inconsistance, incapables de mener quelque entreprise à son terme.
Qui abandonnent les touches albes et brunes après trois accords ratés, et remisent sur des étagères poussiéreuses leurs faïences déformées.
Qui déclarent forfait face à une farandole de ramequins sucrés.
Qui se retrouvent, marivaudeurs incurables, seuls, devant leur écran de télé.

Elles sont partout, ces figures de murti inachevées.
Ce chef d'entreprise qui a son bureau en haut d'une tour d'où il voit la ville à l'envers, mais qui aurait voulu être un artiste, il est là, dans un bar-karaoké miteux de quartier, à s'imaginer vêtu d'une veste en lamé zébrée, acclamé par la foule.
Ce cousin, qui a toujours été l'amuseur de la famille, et qui vient de saisir le micro pour faire un discours à destination de la mariée qui cache de façon pudique son rire derrière sa main fraîchement scellée d'un anneau doré.
Cette mère de famille, qui n'a jamais trouvé de temps pour s'adonner à la peinture, et qui se lance dans une page internet au goût douteux, parée de séraphins et d'hirondelles, pour présenter ses créations.

On se moque d'eux parfois.
Certains ont la faveur des grands, offerte par une célébrité parfois incertaine, de se voir donner les moyens de tenter leur chance.
Cela nous laisse un parfum de coup tenté, d'essai pas toujours transformé.
Mais que seraient nos soirées année 80 sans footballeurs blonds qui chantent qu'ils nous survivront?
Les Razzie awards sans chaînes hôtelières qui placent dans des navets leurs blondes héritières?

On en a vues, des célébrités au quart d'heure devenir chanteuses de supermarché.
Des chanteuses inspirées, médiocres comédiennes étriquées.
Des comédiennes appelées, piètres défenderesses des causes des opprimés.

Pourtant, d'autres dérogent à la règle, et semblent être nés avec toutes les options, cette facilité déconcertante de ceux pour qui tout semble couler de source, qui s'ils s'éparpillent, le font néanmoins dans la qualité.

Ils s'essaient à beaucoup de choses, mais quand ils entreprennent une activité qui leur sied, ils s'en montrent dignes représentants.
Ils chantent, ils jouent, et s'ils pouvaient danser le Kazatchok sur une plage du Pacifique tout en combattant des requins et en brillant au water polo ils le feraient.

Il sont réalisateur-comédien-clarinettiste, ou encore politicienne-pianiste.

La France n'aime pas les gens trop curieux, elle s'en méfie.
Un artiste qui se partage ne peut honorer tous ses choix.

Alors on catalogue, on labellise, on met des étiquettes partout, sur tout et tout le monde.
Chanteur pour midinettes. Par opposition aux chanteurs de maisons de retraite? Mais où sont passés Prudy Printemps, Franck Michael?
Nouvelle scène française. Comme s'il y avait une scène antique, archaïque, surannée. Il y a certes des routards de la scène, et des chanteurs démodés. Mais je vous mets au défi de me décrire ce qu'était la scène ancienne, quand, sauf exception, tous se retrouvent sur les plateaux d'émissions du dimanche après-midi devant le même public.

On met dans des cases, dans des boîtes desquelles il serait bien prétentieux de vouloir sortir.

Même sur scène, on n'a jamais trouvé d'équivalent français aux perfomers et entertainers.
Amuseur public peut-être.
Baladins, saltimbanques, cabotins.

Il en est qui badinent avec plusieurs disciplines, et cela leur sied si bien.

Aujourd'hui, je m'applique toujours à esquiver les spécialités.
Ce qui démontre certes une certaine curiosité, mais pousse parfois à une relative antiproductivité.

Quand on touche à tout, on ne saisit rien.

Jusqu'à dans mon activité principale, je n'ai pas pu me départementaliser.

Quant à mes animations contingentes, j'aime les mots qui tintent, qui bourdonnent, qui résonnent.
Je les aime derrière des rideaux, à la plancha, sur des cordes, ou manuscrits.
Ce sont peut-être des histoires au savon de Marseille, des petites soap stories, des mélodies insignifiantes.
Peut-être que tout cela ne fera que rester dans mes paniers d'osiers.

Mais, même si toutes nos tentatives ne sont pas couronnées de succès, qu'est-ce qui nous empêche, s'il nous plaît, de nous enthousiasmer de différents mets?

NB : Normalement vous pouvez à présent laisser des commentaires même si vous ne possédez pas de compte sur le site. 

mardi 17 février 2009

Le Dico-thon (2) : mâche-laurier

Il est des expressions délicieusement teintées de lyrisme, et le terme de mâche-laurier en fait partie, à double titre.

Le mâche-laurier, c'est un poète, un trouvère, un rimailleur, un jongleur de mots.

On ne peut alors s'empêcher de penser au barde qui déclamait ses vers à qui voulait les entendre, à l'ombre d'un saule compréhensif.

La symbolique des lauriers trouve son origine dans une histoire d'amour, et oui, encore une.

C'est Ovide qui nous la raconte dans Les Métamorphoses.


Apollon/Phœbus était le père d'un petit être blondinet et angélique, le charmant Eros/Cupidon, dont la mère n'était autre que Aphrodite/Venus. Une famille de beaux gosses en somme.


Apollon était ce que l'on pouvait appeler un coureur, mais paradoxalement assez malheureux en amour, tombant le plus souvent sous le charme de simples nymphes ou mortelles qui n'étaient pas dignes de son rang, accordant autant ses faveurs aux hommes qu'aux femmes et à l'origine d'une descendance considérable.

Un jour, Apollon traita avec mépris Eros.
Ce dernier, contrarié, décida de se venger.
Il tira de son arc deux flèches. L'une de plomb, faisait fuir l'amour. L'autre d'or, le faisait naître. Eros pointa la première sur la nymphe Daphné, fille de Pénée et blessa au cœur Apollon avec la deuxième.

Apollon tomba immédiatement amoureux de la belle Daphné qui s'enfuit dans les bois.

Poursuivie par Apollon, effrayée, celle-ci appela son père au secours, lui demandant la permission de jouir d'une virginité éternelle (elle avait dû trop écouter les Jonas Brothers). Mais elle était trop belle pour échapper à l'amour d'Apollon, et requit donc de son père qu'il lui ôtât cette beauté qui lui pesait tant. À ces mots, elle s'enracina dans le sol, une écorce l'enveloppa et des feuilles jaillirent. Elle était devenue laurier.

Apollon, éploré, décida que l'arbre serait désormais sien, et que ses feuilles montées en couronne deviendraient la récompense des vainqueurs.

Quant à la Pythie de Delphes (l'oracle ultra tendance à l'époque greco-romaine que l'on venait consulter sur les sujets les plus divers, et qui s'exprimait en des termes sibyllins, du nom de la prophétesse Sibylle à laquelle la Pythie succédait), elle mâchait régulièrement des branches de laurier, et quelque chose me fait dire que ce n'était pas les seules plantes vertes qu'elle utilisait compte tenu de l'état de transe dans lequel elle se plongeait avant chaque prophétie.

Ceux qui obtenaient une réponse favorable repartaient ensuite avec une couronne de lauriers sur la tête.

L'usage fut ensuite de couronner de lauriers les poètes et les vainqueurs, d'où les deux sens de mâche-laurier, qui peut autant désigner le poète que, de façon plus ironique, celui qui recherche les récompenses.

Aujourd'hui encore, le terme de "baccalauréat" est directement issu des lauriers, bacca laurea signifiant les baies de lauriers que l'on trouvait sur les couronnes des jeunes diplômés.

Je vous avoue que quand petite, je partais chercher quelques branches de laurier dans le jardin pour aromatiser le plat du jour, je n'avais pas conscience de toute cette symbolique.

On pourrait imaginer ainsi mille expressions composées :

Être mime-pivoine, pour les timides,
Être myoso-rêveur, pour les fleurs bleues.
Être graille-pissenlit, pour ceux qui ont des tendances suicidaires.

Hum, je crois qu'il faudrait que j'arrête de jouer les pousse-fleurette à venir de nulle-part, et quand on ne s'y attend pas, raconter tout et n'importe quoi.

mardi 10 février 2009

La complainte de la boite de thon

Les comédies romantiques. 

Ces romances auxquelles nos coeurs de midinettes ont parfois envie de croire, juste l'espace d'une heure cinquante-huit, en espérant que des batraciens puissent un jour devenir princes charmants.

Que ce mystérieux correspondant, à l'autre bout du clavier, est en fait votre voisin de palier, un grand brun baroudeur mal-rasé, qui soigne des enfants malades en Afrique, aide les vieilles dames  à traverser et garde votre chien quand vous vous absentez, et même quand vous n'avez pas de chien.

Qu'il existe vraiment des inconnus qui offrent des fleurs dans la rue. 

Parfois, on aurait envie d'y croire, juste un tout petit peu, comme pour se maintenir blottie douillettement dans notre lit devant notre film.

Toute héroïne de comédie romantique se doit d'être désespérément maladroite et apte à croire qu'il est possible de rencontrer un avocat droit-de-l'hommiste au coin de la rue qui craque sur le fait que votre lipstick ait dérapé ou que vous arriviez trempée comme une soupe au Palais de Justice. 

Etape numéro 1 : Flasher bêtement sur le pote d'une copine.
Comédien. Parce que commercial en téléphonie mobile, c'est moins glamour.

Etape numéro 2 : Rechercher frénétiquement son profil sur un site communautaire, à peine la porte de son appartement refermée.

Etape numéro 3 : Éplucher chaque photo, chaque statut posté par le nouvel élu de votre idôlatrie. Il a de l'humour. Et il aime les labradors. Il ne manquerait plus qu'il ne mette pas ses coudes sur la table et il serait parfait.

Tout va bien, vous êtes officiellement une crush-geek : une adepte des béguins virtuels, réagissant avec émoi à chaque "Vous avez un nouveau message".

Etape numéro 4 : Scruter colonnes Morris et autres sites culturels aux fins de voir pointer le bout du nez dudit comédien.

Etape numéro 5 : Il est à l'affiche.
Cinq minutes plus tard vos places sont réservées et votre meilleure copine embarquée dans l'expédition.

Etape numéro 6 : Que porter pour l'occasion?
C'est dimanche. On ne veut donc pas avoir l'air trop sophistiquée. Il s'agit de faire ressortir son charme naturel. A l'aide de quelques artifices si besoin est. 

Etape numéro 7 : On attend, fébrile, le début de la pièce, comme tous les autres spectateurs, en se répétant que, ne vendons pas la peau de l'ours trop vite, l'objet de votre convoitise est peut-être un malotru dénué de tout intérêt dans la vie réelle.

Et enfin il apparaît sur scène. 
Le visage devient une voix, une gestuelle, un regard.
Ca y est, c'est officiel, vous avez fondu aussi vite qu'un glaçon tombé de son verre de coca sur une terrasse de Palavas.
Dit en des termes plus triviaux, extraits de ma compagne de PFPM (plan foireux à ne surtout pas manquer) : "Ferme la bouche. Tu baves".

Rideaux. 
Salut final. 
Il vous regarde, plusieurs fois.
Peut-être est-il myope.

Alors on attend dehors pour féliciter l'artiste.
Il fait froid, très froid, votre amie vous maudit de lui imposer cette expectance interminable mais meurt d'envie de connaître le dénouement de la soirée.
Vous allumez cigarette sur cigarette, pour vous donner une contenance (l'abus de timidité est mauvais pour la santé).

Et enfin il sort.
Vous avez préparé quatre ou cinq phrases d'accroche.
Evidemment, et en dépit de votre répartie habituelle, aucune de ces dernières ne sort de votre bouche, il s'agit plutôt d'un pot-pourri de l'ensemble, auquel vous tentez de donner un sens.

Quand il vous propose d'aller boire un verre dans le café d'en face, vous répondez très dignement : "hum oui, pourquoi pas, après tout je ne suis pas vraiment pressée".

Et là, c'est le drame.
Entre dans la place une ténébreuse créature qui envoûte le baladin et l'éloigne deux tables plus loin.

Vous pourrez alors ramer tout ce que vous voudrez, game over, next please.

De toute façon, il la draguait tout en regardant un match de foot. 
Ca ne se fait pas. 

Alors vous rongez votre frein et rentrez chez vous, digne dans la défaite.

Et, comme vous trouvez votre productivité dans l'adversité, vous composez une mélopée aussi pathétique que dissonante.



Tiens, ça pourrait être une idée ça, un billet, une chanson.
On appellerait ça Astrée et son blog enchanté.
Mes voisins seraient ravis.
Je m'égare...


Plusieurs semaines passent, vous l'oubliez plus ou moins.
Après tout, vous ne le connaissiez pas, et mille autres opportunités s'offrent à vous.

Vous décidez de partir un week-end à Londres, pour vous changer les esprits de Paris et de sa dose de travail hebdomadaire qui vous oppresse.

19H00, gare du Nord.
Fin décembre, le hall est bondé, vous faites du saut d'obstacles entre les valises et les poussettes pour arriver à l'heure. Vous tentez de ne pas perdre de vue votre comparse, celle-là même qui vous avait accompagné quelques semaines plus tôt soutenir votre acte de groupitude indolente mais néanmoins vain, et qui ne peut se résoudre à s'en remettre à votre seule mémoire pour retrouver le guichet adéquat.

Alors, dans la foule chahutante, braillante, assourdissante, dans cette affluence ferroviaire, elle se rapproche d'une silhouette lui semblant encline à nous guider promptement.

Le jeune homme se retourne, et apparaît au milieu du cortège de voyageurs un visage céleste.
De la pièce comique du XVIIème siècle aux quais d'une gare du Xème arrondissement il n'y a qu'un pas.

Inouïe coïncidence qui se présente devant vos yeux.

Vous eussiez apprécié que le temps s'arrêtât alors. 

Qu'il vous regardât de ses yeux bleu turquin et qu'un sourire illuminât son museau.
Que les mouvements se ralentissent. Que les violons violinassent.
Que des colombes s'envolassent dans un balai somptueux.

En fait de visage céleste, il a les traits tirés par une journée de dur labeur publicitaire, et, après avoir brièvement et incertainement renseigné votre partenaire, vous adresse un regard lapis-lazuli embrumé, mêlé de lassitude et d'épuisement.

Autrement dit de poisson mort.

À tel point que vous n'êtes même pas sûre qu'il ait saisi les prestes et polies salutations que vous lui avez destinées, avant de reprendre votre course frénétique.

Votre amie s'évertue ensuite à vous répéter, dans la file menant aux quais :
"Je sais ce que tu vas penser, mais non, ce n'est pas un signe".

Quand même, vous ne pouvez vous empêcher de penser que l'ensemble aurait pu faire, avec un peu de bonne volonté de la part du bellâtre, un magnifique téléfilm de début d'après-midi pour ménagères de moins de cinquante ans.

Les signes ça n'existe que dans les comédies romantiques à l'eau de rose, il faut se rendre à la triste évidence.

Le week-end a rapidement balayé ces réflexions stériles, les fêtes sont arrivées, une nouvelle année peut commencer.

Vous voilà parée pour de nouvelles rencontres aussi improbables qu'enchantantes.

Il y a trois jours, un de vos amis vous appelle. 
Jamais deux sans trois : 
Il vient d'embaucher un garçon formidable, au charisme prodigieux et au regard bleu de Gênes.

Sur M6, on aurait compris qu'après trois apparitions de Hugh Grant dans la vie de Meg Ryan, ces deux-là finiraient bien par comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre, ce qui de toute façon était écrit depuis le début. 


Heureusement, vous savez maintenant qu'il n'y a pas plus de coup de foudre à Montmartre-Hill que de crabe dans un bâtonnet de surimi.

samedi 7 février 2009

Make The Girl Dance!

Franz Ferdinand a déclaré un jour :
« We make music to make the girls dance".


Make The Girl Dance, ce sont deux garçons qui ont décidé de faire tourner les platines pour mieux faire virevolter les jupes des filles et chavirer leurs têtes.
Make The Girl Dance ce sont des corps qui se trémoussent sur les dancefloors, s'éclaboussent à Hossegor, s'attirent et se repoussent jusqu'à l'aurore, entraînant une horde de garçons hypnotisés par ces cheveux qui fouettent leur visage et ces hanches qui se brisent sous l'impulsion des infra basses.

Un jour Make The Girl Dance ce sera Biarritz, New York ou Tokyo, le parking du l'Intermarché de Noisiel ou le bar lounge de l’hôtel Murano.

Un jour, Make The Girl Dance, ce seront des filles qui danseront en sari, en boubou, en tee-shirt usé ou en robe de créateur excentrique; en tongs, en stilettos, en baskets ringardes ou les pieds nus trépignant sur un son qui pulse, frénétique et électro-tellurique.

Make The Girl Dance, c'est ce que tu veux écouter sous ton casque quand tu rentres le soir, à fond dans les amplis quand tu sors tard, enveloppée de ta serviette de bain quand tu frétilles devant ton miroir.

Georges Harrison a dit a propos des Beatles :
"We were the Spice Boys".
Pendant ce temps, Keith Richards racontait à qui voulait l'entendre :
"I snorted my dad's ashes'.

Make The Girl Dance, ce sont deux clous de girofle, irritants à forte de dose, mais qui, chauds et piquants, aromatisent vos soirées un peu fades.
Make The Girl Dance, c'est un duo qui ne marche ni à la coke, ni au LSD, ni aux cendres de qui que ce soit, mais à la moiteur des taxi-girls qui entraînent une cohue de nymphettes en quête de son.

Make The Girl Dance, c'est moi sans toi, toi pour moi, et mois après mois des filles et des garçons en émoi dansant sous le même toit.

Platon a dit :
"La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée".
Hum, les Make The Girl Dance ont toujours séché la philo.
Ils préféraient aller draguer les filles.


jeudi 5 février 2009

Francis Lalanne et les ronds de cuir




Jeudi soir, je devais voir Francis Lalanne, et n'ayant pu m'y rendre, j'en ai été fort marrie.
Quoi, cela vous étonne quelqu'un qui spontanément, comme ça, sans que sa vie en dépende, sans pistolet sur la tempe, ait envie d'aller prêter ses esgourdes à ce troubadour des temps modernes?

Il s'agissait en fait d'une Berryer, que je décoderai en quelques mots, pour les êtres sains qui se tiendraient éloignés des rites occultes de l'île de la Cité.

Le principe de cette conférence mettant en scène des avocats et un invité bon client : une foire à la détraction, que celle-ci soit dirigée à l'encontre de l'invité ou des candidats.
"Il y a deux types de gens en Berryer. Les masochistes compulsifs à tendance suicidaire, et les gens mal renseignés."

Mais la Berryer n'est pas le sujet de ce jour.

Francis Lalanne.
Rien que le fait d'évoquer son nom fait sourire, moi la première.
C'est un personnage, une icône malgré lui.

Pourtant je ne peux m'empêcher de le trouver profondément touchant. Parce qu'il a encore ce regard d'enfant. Parce que l'on se moque de lui comme on l'aurait fait dans une cour de récréation.
Parce qu'il est décalé, innocent, inoffensif.

Alors oui, je serais bien venue le voir s'élever tel un jouvenceau romantique contre les conventions.

"Comme le pommier il fait des pommes", Francis, il fait des chansons.

Et il fustige les ronds de cuir.
Mais que sont les ronds de cuir?
L'expression fait référence aux coussins de cuir rond, dont se servaient les employés de bureau pour asseoir leur paperassier séant.
Par décence, je ne développerai pas ici ce que ce genre de coussins était sensé prévenir pour ces pauvres salariés sédentaires.


Il avait emprunté l'expression à Courteline.

Courteline, qui rappelait qu'il n'y avait pas de genres inférieurs, mais que des productions ratées, tandis que Gainsbourg considérait que la chanson était un "art mineur destiné aux mineures", art mineur néanmoins revendiqué par Nougaro, artiste mineur de fond par excellence.

Certes, notre Francis Lalanne n'a pas apporté les rimes les plus riches qu'il soit à la chanson française.


"Le mal qu'on se dit
L'amour maladie
Les grains de frimas
Que l'on sème
Les portes qui claquent
Et j'en ai ma claque
C'est du cinema
Quand on s'aime
Fais-moi l'amour
Fais-moi l'amour
Fais-moi l'amour
Pas la guerre"
.

Francis il est comme ça, il n'est que paix et amour toujours prêt à jouer à la foire des herbes aromatiques de Houe-Deux-Stoques.

"
J'sais pas ce qui m'arrive ce soir
T'es là et j'ai peur dans le noir
Comme ces nuits où tu es pas là
Où je suis seul sans toi
Tu sais être seul c'est la mort
C'est comme un cancer qui te mord
Tu te sens mourir chaque instant
Sans pouvoir dormir pour autant"


Bon Francis est un peu dark aussi parfois, mais c'est le revers de la médaille du romantique, qui est fasciné par une certaine morbidité sublimée.


Mais, si, cette Mort qui nous programme sur son grand ordinateur (au passage, un soir de fin de semaine où vous ne savez comment occuper votre temps, aller voir La Mort en échecs*, vous vous réconcilierez définitivement avec la Faucheuse).

*Allez-y, c'est La Mort quand même! -
Il était une fois Caroline Anglade, dans le rôle de la jolie blonde pleine de peps, en froid avec Franck Jouret alias son bêcheur de mari. Il ne voulaient plus du tout vivre heureux et en aucun cas avoir d'enfant, chien ou 4x4. Il était une fois La Mort (prénom : La , nom : Mort), jouée par un certain Florent Chesné vrai showman déjanté et électrique. Il était une fois une étrange soirée orageuse, qui va mettre sur la route d'un couple à la dérive une Mort complètement allumée. Foncez, et vos abdos vous remercieront de cette séance de rire non-stop!


Et ce clip, avec cet enfant qui court, sur la plage, au ralenti.
Et Alain Delon qui court, sur la plage, au ralenti.
Et Jean-Louis Trintignant qui court,... ha non pardon je me trompe de film là.
Et ces effets spéciaux, qui doivent faire se retourner Méliès dans sa tombe.


Francis, il fait partie de ces incompris.
Parce qu'on s'arrête trop vite à ses cuissardes et à sa longue chevelure brune digne d'un Madmartigan plus inoffensif que vindicatif.

Et malgré son côté pourfendeur de bénins anathèmes, on veut le croire, lui et ses pots de chrysanthèmes.

A cause de sa pureté, de sa fraîcheur.
Quelque part, c'est rassurant de voir qu'il existe des petites bulles d'innocence qui ne bougent pas, après toutes ces années. Francis, il devrait être remboursé par la Sécu.

Et puis, en tant que juriste, j'aime bien quand Francis m'explique que le droit de résister à l'oppression selon la Déclaration des Droits de l'Homme légitime le droit pour José Bové de piétiner de transgéniques plantations de granidés jaunes. A côté des cours de droit public de Francis Lalanne, René Chapus c'est un peu de l'urine de Raminagrobis. Parce qu'il est comme ça Francis, il croit à l'anarchie.
On se voit bien refaire le monde avec lui, sur une plage, autour du feu, avec une cithare, ou avec une lyre dans une prairie.

Et puis, il a dit un jour : "Séduire, c'est s'exposer à décevoir".
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'essaie pas de s'auto-formater pour nous amadouer. Il est dehors des clous, et on n'en attend pas moins de lui. Du coup on n'est jamais déçu.

Courteline se plaisait à dire que "Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.".

Je connais un barde aux allures de page qui doit se délecter.

mercredi 4 février 2009

Archives - Jamie's gig - 27/10/2008

The amazing little boy.

Il était un petit homme. Un tout petit bout d'homme.
De ces petits bouts d'homme qui ont quelque chose de magique, de fantastique, de magnétique.
Les fées n'avaient pas fait que se pencher sur son berceau, elles étaient tombées dedans la tête la première.

Un jour, le petit homme prit son plus bel escabeau et sauta quelques cases.
Il enjamba les académiques cours de solfège pour laisser ses petits doigts tripoter les touches albes et noires de ce qui allait devenir son meilleur allié dans sa conquête du monde.

Il était un petit homme, un de ceux que l'on retrouve dans les contes pour enfants.
Un de ces héros de fantasy, qui vivent des aventures qui les dépassent.
Un de ceux chez qui l'ont devine un lutin qui sommeille et ne demande qu'à jouer ses tours de la Cour des miracles à la Cour du roi.

Il était un petit homme débarqué un soir dans la ville des Lumières.
Il avait déjà parcouru tant de terres, traversé tant de mers pour faire entendre son ramage à qui voulait l'écouter, toujours accompagné de son imposant et rassurant partenaire.
Il avait traîné ses savates des plus petites tavernes aux plus grands Colisées, fréquenté les fripes, les spencers et tout le saint frusquin.

Il était un petit homme qui s'était donné la possibilité de faire seulement deux concerts avant de poursuivre son odyssée.
Il y avait eu Clint, il y eut nous.

Il était un petit homme qui apparût, un frais soir d'automne, dans un théâtre adossé à l'île de la Cité.
Une apparition dans la vie de boulevardiers qui avaient à peine commencé leur semaine de dur labeur.

Il nous promis que nous pourrions nous protéger sous son parapluie, il nous fit part de ses souvenirs en photographies, il nous prit par la main pour nous présenter à ses musiciens d'amis.
Il fait venir une bachelette qui aime fouiller dans les sacs des filles et avait le don de sortir des sons extravagants de sa margoulette.

Il s'improvisa troubadour folk au milieu de l'audience, pour nous expliquer qu'il ne voulait pas grandir avec son faux air de boy scout espiègle.

Parmi le public discipliné et respectueux, on se levait, on criait, on applaudissait le divin amphion, le croque-notes magnifique.

On aurait voulu le ramener avec nous, le mettre dans notre valise ce petit farfadet, pour qu'il puisse toujours nous glisser à l'oreilles des mélodies jazzy.

Mais nous dûmes, après un rappel qui nous laissa perchés et asséchés de tant de jouissance musicale, abandonner battements de mains et de pieds pour le laisser repartir.

C'était un moment de grâce, qui nous laisse un goût de rêve évanoui...



mardi 3 février 2009

Le Dico-thon (1) : pruine de gourgandine

Je vous vois déjà vous alarmer.
Qu'est-ce qu'elle entend par dico-thon? Compte-t-elle vraiment répertorier tout ce que la France et la Navarre recèlent de thons, de cageots, de mochardises?
Que nenni!

De temps en temps, je vous ferai juste part de mot oubliés. De ces mots inusités, que parfois je découvre au fil des jours (et des vies), et que je veux vous faire partager, parce que s'ils délectent mon appétence verbale, je ne saurais ne pas en faire profiter le lecteur.

Et, soyons-fous, deux mots pour ce lancement, qui en plus se répondent par la rime.
Car vous constaterez que j'aime bien quand ça rime.
Deux mots donc : gourgandine, et pruine.

Gourgandine, quel charmant mot pourtant si peu utilisé aujourd'hui.
Y résonnent la gourmandise et la gredinerie.

La gourgandine, la gaupe, la margot.
La putain, quoi.
Tout de suite c'est moins ravissant.

Les insultes seraient pourtant tellement plus plaisantes :
"Ta daronne la gourgandine!"
"Fiston de gourgandine!"

Elle nous ramène à ces temps bénis ou il faisait bon être péripatéticienne pour vendre ses charmes au chalant qui passait. Et qui sentait mauvais, puisqu'on ne se lavait pas. Et qui filait plein de maladies, qu'on ne savait pas soigner de toute façon.
Hum...
Après analyse, l'étymologie du mot viendrait en partie d'une racine commune à celle de la syphilis.
Bon.

Ta mère la pute c'est bien aussi.

Ta mère qui est peut-être partie ce matin cueillir des fraises recouvertes de pruine, poussière cireuse recouvrant certains fruits, feuilles et champignons (ne me regardez pas comme ça, je cite mon dictionnaire là). Mais si, c'est cette petite poussière que vous retrouvez sur les baies sauvages que vous allez cueillir le matin, nu après vous être roulé dans la neige.

C'est quand même plus chic de faire la pruine chez soi le samedi matin sur les bibelots.

Nous naissons pruine, et retournerons pruine. Les prophéties bibliques deviennent beaucoup moins effrayantes vues sous cet angle.

Et puis la poussière d'étoile, ça fait tellement papillon de lumière, c'est si surfait.
La pruine d'astre stellaire, c'est plus raffiné.

Maintenant, vous saurez que les nouvelles boucles d'oreilles de votre petite amie, que vous n'aurez pas manqué de remarquer, ne sont pas bleues, mais d'un superbe bleu Klein pruiné.
Si vous parvenez à dire cela, soit :
1. vous avez une place à la rédaction de Vogue. Ou du salon des Antiquaires.
2. Compte-tenu de la présence excessive de poussière sur lesdites boucles, votre petite amie n'a pas osé vous avouer qu'elle les avait récupérées à l'armée du salut.

Mais je ne voudrais pas faire ma langue de gourgandine.

Un peu de vie dans le théâtre, un peu de théâtre dans la vie - 1

"La vie est une pièce de théâtre : ce qui compte, ce n'est pas qu'elle dure longtemps, mais qu'elle soit bien jouée", disait Sénèque.

Et c'est vrai que parfois, il n'est nul besoin d'aller chercher des histoires rocambolesques pour trouver suffisamment d'inspiration pour tenir quelques pages.

Un soir, alors que je rentrais chez moi en métro, j'étais assise face à un couple d'une cinquantaine d'années, typiquement XVIème. Comme à mon habitude, j'avais mon casque sur les oreilles, et me mis à les observer silencieusement. Je ne pouvais entendre ce qu'ils disaient, mais je savais déjà que la femme était emplie de reproches à l'encontre de son mari. Lui, avait le regard baissé, et semblait tenter par intermittences de se justifier, avant de capituler face à la logorrhée accusatrice de son épouse.

J'imaginais leur sujet de discorde :
Ils auraient parlé de cette pièce de théâtre qu'ils venaient de voir. Le mari n'avait pas réservé à temps, ils avaient été très mal placés, elle avait dû faire un scandale auprès de l'ouvreur impuissant et se donner en public. Car de toute façon c'était toujours la même chose avec lui, il ne faisait les choses qu'à moitié, il prenait des initiatives mais n'assumait pas la logistique, parce que ce n'était qu'un intellectuel, un rêveur.

Bien sûr je n'ai pas entendu toute cette conversation qui n'est que le pur produit de mon imagination.

Mais, poussée par la curiosité - oui, car, il faut l'avouer, les gens qui aiment écrire sur autre chose que sur leur petite personne sont de grands curieux, pour ne pas dire de grands voyeurs, mais ce sera l'objet d'un autre billet - je disais donc, poussée par la curiosité, j'ai mis mon iPod en pause alors qu'ils se levaient pour quitter la rame à la même station que moi.

C'est là que l'instant théâtral sublime eut lieu :
Ils poussent les portes de sortie du métro (oui, celles-là même pour lesquelles il m'a fallu six mois avant de comprendre qu'il fallait pousser la partie verte pour qu'elles s'ouvrent), et font une pause en haut des escaliers de Passy.

Lui a le regard baissé, les yeux rivés sur ses Bexley.
Elle le regarde de haut, silencieuse et lui dit, froidement :

"Même à la femme de ménage, tu ne lui as jamais parlé comme ça".

Instant magnifique donc, je ne pouvais m'empêcher de regretter de ne pas avoir coupé mon lecteur plus tôt, pour savoir ce qui avait justifié cette réplique. En même temps, cela laissait la part belle à mon imaginaire. Après les avoir laissés remonter les escaliers, je rentrai donc chez moi et ne pus m'empêcher, bien sûr, de laisser partir mon imagination.

Ces deux-là auraient pu être les personnages d'une pièce bourgeoise.
J'imaginais la suite de cet épisode, qui aurait pu être le commencement d'une pièce mettant en scène, au hasard, Charlotte Rampling et Claude Rich.

Noir dans la salle, les trois coups.
Le salon d'un appartement boulevardier.

MARIANNE : Alors, on fait comme on a dit
PIERRE : On fait comme on a dit.
MARIANNE : J'ai prévenu Nathalie que tu partirais tôt aujourd'hui.
PIERRE : C'est bien.
MARIANNE : Trente ans ça demande un minimum d'organisation.
PIERRE : Une once de dispositions.
MARIANNE : Tout fout le camp. Le pays, nos enfants, nous. Toute notre postérité.
PIERRE : Notre progéniture se porte très bien et tu en as parfaitement conscience. Seuls nous, anciens privilégiés, avons du mal à accepter ce changement de régime, ce schisme...
MARIANNE : Cette sécession.
PIERRE : Ce n'est pas une sécession. Je n'aime pas ce mot, il y a quelque chose de froidement définitif et péremptoire dans le sécession. Nous vivons de simples dissidences passagères tout au plus. Qui n'excluent pas une restauration...
MARIANNE : Un jour?
PIERRE : Peut-être... quand viendra le temps de la réforme alors nous reparlerons.
MARIANNE : Quand tu auras accepté que tu ne peux plus être monarque en ton palais.
PIERRE : ...
MARIANNE : Pierre?
PIERRE : Hum?...
MARIANNE : Elle semble vouloir dire quelque chose puis se ravise. Tu as oublié ta montre.
PIERRE : C'est amusant. Je ne l'oublie jamais. Je la mets tous les matins, par automatisme.
MARIANNE : Mais aujourd'hui tu l'as oubliée.
PIERRE : Un acte manqué?
MARIANNE : Tu n'as pas de rendez-vous. De quoi as-tu peur, de manquer ton départ? Elle lui tend sa montre qu'il met.
PIERRE : Regarde sa montre. Heure du départ 8H30.
MARIANNE : On a fait tout ce qu'on a pu.
PIERRE : C'était un cas désespéré.
MARIANNE : C'est une heure curieuse pour une rupture.
PIERRE : Curieuse en effet. Je pars ce matin mais nous avons rompu il y a longtemps déjà.
MARIANNE : Pierre?
PIERRE : Hum?
MARIANNE : Ce que tu m'as dit, hier - ses yeux s'embuent soudainement - même à la femme de ménage tu ne lui aurais jamais parlé pas comme ça.
PIERRE : Détaché. "Même la femme de ménage tu ne lui aurais jamais parlé comme ça". C'est charmant. Tu es charmante. On dirait du Chabrol. Tu es un personnage de Chabrol mon amour. En apparence froide et insensible, mais finalement... Tout cela est tellement regrettable...

Pierre quitte la pièce.


C'est un peu le problème des scribes compulsifs, on a des idées comme ça, plein d'idées, mais on ne prend pas toujours le temps de les mener à terme, parce qu'on en avait déjà mille autres en tête avant et que d'autres nous arrive en pagaille.

Pourtant je sais très bien ce qu'il serait advenu de ce couple si d'une scène j'avais fait un acte, puis deux, puis quatre. L'histoire d'un couple qui reprend petit à petit pied dans la réalité, chacun de son côté, après avoir passé trente ans de vie rangée.

Quelque part, cela est rassurant. Je sais que je peux toujours les garder dans un coin, je sais déjà où vont ces personnages, ce qui va leur arriver, comment ils vont appréhender, chacun de leur côté, cette nouvelle vie sans l'autre. S'ils parviendront à se retrouver.

Un jour peut-être je trouverai le temps de leur écrire ce bout de vie que je leur ai imaginé, quelque part je les ai fait naître, alors je m'y attache, je me dois de les accompagner encore un peu...

lundi 2 février 2009

Cocktail de bienvenue

Bien, nous allons considérer que le billet précédent était un billet numéro zéro, en somme, qu'il comptait pour du beurre (salé, de cacahouète ou de karité, c'est comme vous préférez).

Qui dit nouvel espace d'expression dit inauguration, cocktail d'accueil et coupage de ruban.

Pour tout avouer, je ne sais pas encore très exactement ce que le chalant va trouver ici.
Peut-être y trouvera-t-il des extraits de compositions de bac à douche, ou encore des pages sorties de tentatives théâtrales vaines. Ce blog, c'est un peu la salle polyvalente du coin quelque part. Avec un peu de chance, la semaine prochaine, j'organiserai un loto, et celle d'après, un bal avec Dédé et son orchestre qui reprendront Dick Rivers et les Chaussettes Noires.
Mais je m'égare.

Revenons-en à notre cocktail.

Prenez d'abord un tiers de dramatologie aigüe. Mais attention, un tout petit tiers. De celle qui fait d'histoires presque banales de grands récits épiques (les jeunes femmes, épouses de roi ,qui s'entichent de leur beau-fils, c'est typiquement la clientèle de Jean-Luc Delarue et Mireille Dumas).

Ensuite un tiers un peu plus gros d'artisteries diverses et variées, plus ou moins opportunes, voguant entre enluminures placées au coin d'un hémistiche et effets tentés mais vains.

Ensuite, un bon tiers de bonne humeur, de turlupinades et calembredaines. De quoi animer mariages, communions et bar-mitsvas pour l'année.

Enfin, un grand tiers de digressivité affirmée. De celles qui imagine des arbres mandarins et des ciels de confiture. Tout cela sans consommation de toxiques, s'il vous plaît.

Ca fait quatre tiers, exactement, quatre dimensions qui rentrent tout à fait dans le cadre d'un blog, puisque tout dépend de la grosseur des tiers...

First things first...

Ici point de clabauderies pipolisées, ni de déversoir de traumatismes non cautérisées.

Point non plus de régime miracle, de tambouilles d'oracles ou de grenouilles de tabernacles.

Ici se croiseront tout simplement les destins fabuleux de gens ordinaires, des gens qu'on ne verra jamais dans les journaux en dehors des pages naissance, mariage et nécro.

Ici on ne digressera le plus souvent que sur le superflu, parce que l'essentiel n'est que trop incertain, et que du haut de mes vingt ans et des poussières, je serais bien mal placée pour en disserter.

Cela aurait pu s'appeler les chroniques de la faiblesse ordinaire, mais c'est plus fort que moi, je vois toujours le côté rempli de la boîte de chocolats.