dimanche 28 juin 2009

I hurt myself today, to see if I still feel.







"Mesdames, messieurs. En raison d'un incident grave de voyageur, le traffic est interrompu sur la ligne 6".

8H00. Un suicidé de plus dans Paris. Un vrai phénomène. Et toujours en tout début de journée.

La logique m'en échappe. On ne quitte pas ce monde un matin avant d'aller travailler que diable!

C'est quelque chose qui se conçoit bien mieux le soir, quand, après une durée journée passée à se faire reprendre par un patron acariâtre, il ne vous reste plus qu'à rentrer chez vous écœuré et étouffé par le poids de la solitude.

Mais à 8H00. Qui peut donc avoir idée de se supprimer après un café, deux biscottes et un brossage de dents?

J'écarte de ces considérations les suicidés qui ne se sont par couchés, et ont décidé de finir leur soirée vers 7H du matin par une soudaine envie de tester la résistance des rails métropolitains.


A cette heure-ci, l'individu en question ne pouvait qu'avoir la volonté de perturber un maximum de gens, pour un maximum de temps. Au-delà de la trilogie durkheimienne et de ses suicides altruiste, égoïste ou anomique, les transports urbains seraient le lieu privilégié du suicide antisocial : tu perds ton sang-froid un matin, et saute à pieds joints dans l'autolyse ferroviaire en lançant, dans la même foulée, un gros F**K à la société.


Sauf qu'à chaque auto-sabordage de ce genre, c'est toute une partie de la population parisienne qui se retrouve réduite au retard matinal. Non que je n'ai aucune tolérance pour ce genre d'action, au contraire, quelque part je trouve ça assez punk, mais quand cela manque de me faire louper mon train ou un rendez-vous important, j'admets être moyennement conciliante.


Et puis, à chaque fois, ce sont des employés qui arrivent en retard sur leur lieu de travail, et qui donc sont potentiellement susceptibles d'accumuler un comportement fautif qui potentiellement pourrait justifier un licenciement ce qui potentiellement amènerait lesdits employés à la dépression et donc potentiellement à se jeter sur les rails d'un métropolitain ou d'un RER à 8H00 du matin, entraînant potentiellement de nouveaux retard etc etc. Ce pourrait devenir un phénomène à progression géométrique. Ce qui, cela étant, libérerait des postes en période de crise. Paradoxalement, le suicide antisocial pourrait peut-être devenir le dernier moyen d'expression qui subsiste, après tweeter.


Cela étant, pour le moment, vous ne m'en voudrez pas de m'en tenir, pour m'exprimer, à mon clavier.
Me prendre une rame de métro dans la figure me ruinerait tout mon brushing.

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